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Août 30
in mode et mannequinat 0 comments tags: afrique, couture, haute, mannequin, mannequinat, model

Le long chemin de la haute couture africaine

Avec la croissance de la classe moyenne, l’industrie de la mode africaine prend son essor. Mais des obstacles demeurent pour produire sur le continent. Portrait d’une Congolaise qui a choisi l’Afrique du Sud pour sa carrière de mannequin.


Le mannequin Vanessa Kilem dans les rues de Kinshasa, en juillet 2014.

Le ciel sans nuages, la mer d’un bleu profond, le sable blanc de la plage : Vanessa Kilem aime cette étendue, ce silence. Personne ne lui casse les pieds comme à Kinshasa, ce monstre tapageur où elle a grandi et ne pouvait jamais être seule.

Installée dans un café sur une plage du Cap, par une soirée tiède, la jeune femme déguste lentement une salade de crevettes en contemplant la baie. Les clients des tables voisines ne cessent de la regarder.

Vanessa Kilem, 26 ans, ne passe pas inaperçue : elle est très jolie, très mince et fait 1,84 mètre. Elle est mannequin, actuellement sous contrat avec une agence de Johannesburg. Elle est en train de prendre ses premières vacances depuis longtemps.

Vanessa travaille beaucoup depuis qu’elle s’est installée il y a deux ans dans la capitale économique de l’Afrique du Sud. Elle a participé à un défilé de David Tlale, le créateur de mode le plus célèbre du pays. Elle s’est même retrouvée à la une du journal britannique Sunday Times dans une robe du créateur sud-africain MaXhosa Africa. “C’est un rêve qui se réalise”, confie-t-elle.

Vanessa a rêvé pendant longtemps d’être mannequin, mais ce rêve a mis longtemps à commencer à se concrétiser. Vanessa vient de la République démocratique du Congo (RDC), elle a grandi dans la pauvreté. Comment une jeune femme avec de grands rêves mais des perspectives limitées réussit-elle à se retrouver sur la scène de la mode ? “C’était encore inimaginable quand on s’est rencontrés pour la première fois.” C’est vrai.

Retour en arrière. Nous sommes en juillet 2014, à Masina, un quartier de la capitale congolaise Kinshasa, par une matinée moite. Vanessa Kilem est tout excitée : c’est aujourd’hui qu’elle commence sa formation accélérée pour la Fashion Week de Kinshasa.

Habits chics.

Repérée quatre semaines plus tôt lors d’un casting qui réunissait 2 000 candidates, elle fait partie des 30 jeunes femmes qui ont été retenues pour présenter les nouvelles collections de stylistes africains, européens et amé- ricains – dans la capitale d’un pays ravagé par la violence, la maladie et la pauvreté.

Voilà plus de vingt ans que la RDC se trouve en état d’urgence. La première guerre a éclaté en 1997, après la chute du despote Mobutu Sese Seko [alors au pouvoir depuis trente-deux ans], et deux autres ont suivi. Les conflits ont fait plusieurs millions de morts. Une foule de milices s’affrontent encore dans la province du Kivu, dans l’est du pays. Et la majorité des 72 millions de Congolais vit dans la pauvreté. Le pays occupe ainsi l’avant-dernier rang sur 187 de l’indice de développement humain (IDH) des Nations unies.

À l’époque, Vanessa habite dans une petite maison toute de travers avec une cousine et sa mère, qui tient un petit commerce de boissons. Dans la cour intérieure se dresse un arbre à saucisses, sous lequel sont éparpillées des pièces de moteur, le sommet du mur extérieur est couvert de morceaux de verre pour dissuader les voleurs.

Ces dames dorment dans une petite chambre sans fenêtre, sur un matelas au- dessus duquel est déployée une moustiquaire trouée. Les murs sont couverts d’images pieuses, une table de maquillage provisoire se dresse entre des tas de vêtements, des chaussures, des perruques et des fleurs en plastique.

“Je veux sortir de mon petit monde”, confie Vanessa, alors âgée de 21 ans. La Fashion Week de Kinshasa est le seul défilé de mode professionnel de RDC, une chance pareille ne se représentera pas de sitôt.

L’événement a lieu au Shark Club, un club de loisirs de luxe avec piscine et centre de fitness qui appartient, paraît-il, au frère du président et se trouve à Gombe, le beau quartier de la ville. Il y a du champagne, et la télévision est branchée sur la chaîne Fashion TV à l’arrière-plan.

La Fashion Week de Kinshasa est l’un des derniers événements de mode à être apparus en Afrique. Il s’en tient désormais plus de trente par an, à Johannesburg, au Cap, à Dar Es-Salaam, Dakar, Lagos, Accra, Kampala, Zanzibar, Soweto, le plus grand township d’Afrique du Sud, et même au Zimbabwe, un pays qui est pourtant en crise permanente.

Le boom de la mode est un indicateur de l’élan que connaît l’Afrique : certains pays présentent un taux de croissance inédit depuis des décennies, la classe moyenne s’étend, le pouvoir d’achat augmente, les Africaines et les Africains sont de plus en plus nombreux à pouvoir s’offrir des vêtements plus chics.

La Britannique Suzy Menkes, l’une des critiques de mode les plus influentes, prédit un grand avenir au secteur de la mode du continent. Depuis quelques années, les meilleurs stylistes africains montrent leurs collections à Londres, Milan et Paris. Les styles sont variés et novateurs : panafricain, afro-futuriste ou furieusement mélangé. La Sénégalaise Oumou Sy est considérée comme la “Lagerfeld de l’Afrique” [du nom du grand couturier allemand décédé début 2019]. Et les Angolais Shunnoz et Tekasala utilisent la mode pour surmonter la domination postcoloniale de l’Occident et s’émanciper culturellement.

D’autres labels ont depuis longtemps du succès dans le monde entier, Maki Oh, par exemple, la marque de la Nigériane Amaka Osakwe. Ces pièces de haute couture se vendent désormais dans les boutiques de New York, la clientèle compte des célébrités comme Beyoncé, Rihanna et Michelle Obama. New York ! “Moi aussi je veux aller là-bas un jour”, déclare Vanessa. C’est très très loin de Kinshasa – pour le moment. Vanessa a quand même réussi à aller en Afrique du Sud. “C’est mon tremplin pour l’Amérique ou pour l’Europe”, espère-t-elle. Elle se trouve maintenant chez un glacier de Hout Bay, une banlieue du Cap, et lèche une boule de glace à la vanille. Elle semble parfois un peu inquiète quand elle parle de l’avenir ; après tout, elle est relativement vieille pour un mannequin.

Puis elle reprend courage et songe au début de son histoire, à cette soirée au Shark Club de Kinshasa : les filles s’efforcent d’avoir l’air détendu mais elles semblent crispées. Ne rien faire de travers, ne pas gâcher cette chance unique. Elles sont quand même arrivées jusque- là. Comme Vanessa, beaucoup viennent d’un milieu modeste, elles sont le grand espoir de leur famille.

Cheveux lisses.

Les choses démarrent enfin. Le long du podium, les épouses de responsables politiques côtoient des ministres, des hommes d’affaires, des représentants du demi-monde, célébrités et riches de la ville. En coulisse, la tension monte : les aspirants mannequins sont “travaillés” par les stylistes depuis le début de l’après-midi : maquillage, crème éclaircissante pour la peau, faux cils. Les coiffeurs leur lissent les cheveux avec des fers fumants pour en faire ensuite des espèces de nids. “Une torture”, gémit Vanessa.

Bien entendu, elles connaissent toutes les top-modèles somaliennes Iman et Waris Dirie, ce sont leurs idoles. Elles veulent devenir comme elles, conqué- rir les podiums de Milan, Paris et New York, et faire la une des magazines Vogue ou Marie Claire. Elles veulent du glamour et revenir un jour au pays riches et célèbres. Hélas, l’idéal de beauté demeure blanc et occidental, les femmes à la peau sombre sont rarement engagées. La Britannique Naomi Campbell, le premier top-modèle noir, s’est battue pendant des années contre la discrimination avec l’organisation Diversity Coalition. Les grands stylistes ne veulent pas le moindre mannequin de couleur ou n’en envoient qu’un sur le podium, dénonçait-elle.

“Je suis trop fière de nos filles, elles ont été fantastiques, déclare Kahindo Mateene. Elles feraient bonne figure dans n’importe quel défilé du monde.” Les projecteurs sont éteints. Assise au bord de la piscine, elle fume une cigarette, épuisée et heureuse. Cette petite femme ronde a produit un des clous de la soirée : ce sont ses créations qui ont récolté le plus d’applaudissements.

Kahindo Mateene, 40 ans, chef d’entreprise et diplômée en stylisme, vient de Goma, dans l’est de la RDC, mais parle anglais avec un accent prononcé du Midwest américain. Elle a fondé à Chicago en 2009 la marque Modahnik, qu’elle a rebaptisée Kahindo en 2016, lorsqu’elle s’est installée à New York.

Si la situation s’est un peu améliorée, les stylistes africains ont encore un long chemin à parcourir pour acquérir une renommée mondiale, explique-t-elle. Aucun ou presque n’arrive à s’imposer dans les grands magasins des capitales de la mode ; de toute façon, le marché de la haute couture est saturé.

En Afrique, on manque de formation et de main-d’œuvre, et la clientèle se limite toujours aux classes les plus aisées. La Chine inonde le continent de produits à bas prix et d’imitations de marques connues. De plus, on n’y produit quasiment pas de tissu puisque Vlisco domine le marché depuis l’époque coloniale. C’est cette entreprise hollandaise qui fabrique le wax, ce tissu coloré qui est porté de Dakar à Dar Es-Salaam depuis le XIXe siècle et considéré comme typiquement africain. “On veut mettre fin au monopole de Vlisco”, martèle Kahindo Mateene.

Elle se félicite d’Ethical Fashion Initiative, un programme de l’ONU qui soutient la production de vêtements dans les pays en développement. Le projet a permis de créer beaucoup d’emplois en Afrique, surtout pour les femmes marginalisées. De célèbres créatrices, comme la Britannique Vivienne Westwood, font désormais fabriquer une partie de leurs articles de luxe au Kenya.

Cependant, pour Kahindo Mateene, c’est toujours ce bon vieux paternalisme. “Trade, not aid – l’Afrique a besoin de travailler, pas de recevoir des aides. Le continent a le potentiel pour se développer par lui-même, y compris dans l’industrie de la mode.” Son entreprise fait un travail de pionnier : elle a trouvé une nouvelle méthode pour imprimer les motifs sur le tissu par voie numérique et a créé son propre style, qu’elle appelle “cross culture” : un mélange de Chicago, de RDC, d’Afrique et d’Occident.

Ses vêtements s’inspirent de la peinture et de l’architecture, notamment de l’avant-gardiste irako-britannique Zaha Hadid. Sa devise ? Pas de kitsch exotique, de look ethnique et de folklore africain avec cuir de croco, motifs zèbre, léopard ou palmiers. “Nous sommes des afropolites, des citoyens du monde avec des racines africaines, explique Kahindo Mateene. Cette identité doit se refléter dans notre style.”

Afropolite.

Devenir une afropolite, une ambassadrice de la mode de son pays, Vanessa le souhaite aussi. Elle contemple la baie de l’océan Atlantique et raconte ses premiers pas au Cap. “J’étais assez nerveuse. Et puis j’ai repensé au conseil que m’avait donné un mannequin plus expérimenté : ‘N’oublie jamais que tu es belle.’”

Après la Fashion Week de Kinshasa de 2014, Vanessa a mis les bouchées doubles : elle travaille son français, apprend l’anglais et étudie le marketing dans une université privée en priant pour qu’une agence l’appelle.

En vain. Elle bombarde d’e-mails les agences sud-africaines, remplit des demandes de visas, paie des frais exorbitants – impossible d’obtenir un visa. Elle finit tant bien que mal par arriver à Johannesburg en passant par Lubumbashi, une ville minière du sud de la RDC.

Sur place, elle fait jouer les contacts qu’elle a noués à la Fashion Week et signe un contrat avec une petite agence. Pour elle, qui débute, la vie n’est pas toujours rose : son employeur paie mal et ne garde pas ses mannequins longtemps. Vanessa a parfois l’impression d’être une esclave.

L’Afrique du Sud n’est qu’une étape avant d’autres horizons. “L’infini est à portée de main”, déclare-t-elle en regardant les kitesurfeurs voler sur les vagues de la baie. L’infini, c’est pour elle l’Amérique. Ou l’Europe.

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